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Les errances de Maribeth
9 juin 2008

Respirer, pour de vrai

J’ai un rêve. Je veux retourner à New York. Cela fait déjà huit ans que j’y ai passé trois semaines inoubliables. Je me raccroche à mes souvenirs. Ces vacances sont les plus belles qu’il m’ait été donné de vivre.

Maintenant que je suis en plein dans le cursus qui, je l’espère, m’amènera à enseigner l’anglais, il serait temps que je me décide à effectuer un séjour linguistique dans le cadre de mes études.

L’option qui ravirait ma famille serait que je choisisse comme destination l’Angleterre : plus près, plus pratique et moins cher pour les allées et venues…

Mais bon… D’accord, Maman, si tu veux, j’admets que pour devenir prof d’Anglais, l’accent britannique standard d’Elizabeth est sûrement une meilleure acquisition que la patate chaude qui règne dans une « Bush » texane. C’est évident.

Mais tous les Brits ne parlent pas l’Anglais de la Reine, et tous les Ricains ne copient pas le phrasé d’un président « con-boy ».

Et puis moi, je ne veux pas aller m’engouffrer trop profondément dans le trou du cul des Etats-Unis. Après tout, six heures d’avion, c’est bien suffisant !

J’en ai tellement envie. New York m’attire comme un aimant. Je dirais même comme un « amant ». Cette ville est mon véritable grand amour.

Il y’a huit ans, j’ai tant pleuré lorsqu’il a fallu la quitter.

J’ai tellement pleuré encore l’année qui a suivi, quand elle a été prise pour cible, et qu’elle a porté le deuil de milliers de ses fourmis travailleuses…

Ce  11 septembre 2001, j’ai passé des heures et des heures à déverser toute la pluie de colère, de tristesse, d’incompréhension et de douleur sur mes genoux, que, mortifiée, j’avais ramenés contre mon cœur déchiré de peine. Ce jour-là, quelque part, j’ai dû me dessécher . Un bout de moi était devenu aussi sec, gris et brûlant de rage que les débris encore fumants des tours, qui, en moins d’un jour, venaient de se faire rayer de la surface de la Terre.

Les images qui défilaient en boucle sur toutes les chaînes de télévision m’ont anéantie. J’étais désemparée. Le chagrin remplissait tout mon être. Ce trop-plein de souffrance, je n’ai pas pu l’extérioriser. Je ne voyais pas comment. Et puis, qui aurait compris sans me sermonner ?

Evidemment, les victimes, leurs familles, les New-Yorkais, les Américains, même, étaient bien plus à plaindre. Par pudeur, je ne pouvais rien dire.

Ce que je veux exprimer, c’est que, lorsque j’ai eu cette chance inouïe de visiter la Grosse Pomme avant que le Ver Conquérant du terrorisme ne la bouffe de l’intérieur, je me suis sentie à New York comme chez moi. Non, en vrai, j’y étais même mieux qu’à la maison. J’étais au Paradis.

Alors, quand l’Enfer s’est autoproclamé au-dessus de tout, je n’ai pas pu le supporter.

Je me suis chargée du même fardeau que les habitants de l’endroit que j’aime le plus au monde. Du même deuil. Le deuil de la grandeur et du symbole de l’allégorique New York.

Et en plus de joindre l’utilité universitaire au culturellement agréable, je suis persuadée qu’y retourner serait aussi un moyen de remettre un peu d’ordre dans mon cœur et dans ma tête, ainsi que de (re)commencer le deuil avorté que j’aurais dû faire depuis bientôt sept ans.

Je veux, et je dois retourner là-bas.

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  • Ce blog sera ma fenêtre secrète. Au travers de textes et de dessins, que ma tête et mes mains auront fait naître, petit étalage de sensations et de sentiments que j'ai pu vivre par le passé, ou que je vis aujourd'hui.
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